Changer d'air (pv Cassandra) = Terminé

Le soleil rasait l'horizon, prêt à disparaître pour une nouvelle nuit, calme et pluvieuse sur toute la région de l'état de Washington. Port Angeles ne faisait pas exception à la règle. Certes, la pluie s'était arrêtée, mais de grandes flaques d'eau habillaient chaque trottoire, de telle sorte qu'il fallait faire de grands sauts périlleux pour ne pas s'éclabousser. Jake n'en avait rien eut à faire, lorsqu'il était entré dans le grand café bondé de monde. Il avait été bien trop préoccupé à être mal à l'aide dans une aussi grande ville, pour songer à ne pas se salir. Même en temps ordinaires, il n'était pas le garçon le plus dandy qu'on eusse vu à LaPush. Il portait généralement de vieux Jean déchirés ou sales, et de longts Tshirts aux couleurs divers et variées. Parce que sortir en ville n'était pas une coutume dont il avait l'habitude, il avait préféré opter pour son unique jean en état, et une chemise blanche, simple. Si tout n'avait tenu qu'à lui, il ne serait pas venu à Port Angeles. Il avait du mal à supporter la foule depuis qu'il était loup garou. Il se sentait trop différent pour se mêler à tout le monde. Mais il avait voulu faire plaisir à Cassandra pour lui changer les idées, et sa proposition avait eut l'air de l'enchanter. Il aurait bien annulé au dernier moment si elle n'avait pas eu l'air aussi ravie. Et c'était son principal soucis: L'alleger de son fardeau pour qu'elle soit plus heureuse, et que la douleur s'estompe.

C'est ainsi qu'en ce samedi soir, Jacob et Cassie s'étaient retrouvés assis l'un en face de l'autre, sur une petite table du café. Ils attendaient toujours la commande. Mal à l'aise dans cet univers qu'il connaissait peu, Jake tripotait nerveusement le bout de nappe qui pendant de son côté, ses yeux furtifs balayant tous les individus de la pièce. Cassandra, lorsqu'il croisait son regard, avait l'air de beaucoup aimé la situation, contrairement à ce qu'il aurait pensé. Il avait imaginé que cette idée la rebutterait et qu'elle préfèrerait rester loin du monde. Et Jake supposait qu'une partie de son interprétation était juste. Si elle avait tant tenu à l'accompagner, c'était sûrement pour ne pas paraitre encore et toujours morose. Jacob leva les yeux lorsqu'une serveuse (grande et blonde) s'approcha d'eux pour prendre leur commande. Bien qu'il mourrusse de soif, Jake n'avait absoluement aucune idée de ce que l'on commandait dans les café de Port Angeles. Il tourna donc ses yeux suppliants pour que Cassandra prenne sa commande avant lui, afin qu'il puisse l'imiter.

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La pluie glissait lentement sur le mur vitré du café et les ruissellements se rejoignaient sur le rebord en bois vernis. Si ce n'était pas des fortes voix qui s'élevaient dans la place, Cassandra aurait pu entendre les doux clapotis des gouttes. Elle regardait distraitement les gens à l'extérieur qui se cachaient sous un parapluie ou se bataillaient contre leur couvre-tête pour qu'il tienne en place, histoire de ne pas être trempés. Les adultes paraissaient agacés par ce temps pluvieux, alors que quelques autres grondaient des enfants qui sautaient à pieds joints dans les flaques. Pour l'indienne, cette averse la rafraîchissait pour son plus grand bonheur.

Par contre, elle voyait bien que Jacob ne partageait pas vraiment son état d'esprit. Il semblait plutôt mal à l'aise parmis tout ces gens. Avait-elle bien fait d'accepter sa proposition ou aurait-elle du lire entre les lignes? Si ça se trouvait, Jake n'avait jamais eu le goût de venir se promenner à Port Angeles. Par son expression, Cassandra devina qu'il avait voulu lui changer les idées, lui faciliter son existence en ce moment très difficile. Elle lui en était très reconnaissante, cette sortie l'arrachait de ses sombres songes. C'est en le voyant tripoter nerveusement le coin de la nape que l'orpheline esquissa un sourire discret à son ami. Jacob Black, sous la tension? C'était plutôt comique venant d'un grand homme comme lui, si robuste et imposant. Mais Cassy avait souvent tendance à oublier que même s'il était un loup-garou indomptable, il était avant tout un être humain. Un homme plutôt... séduisant avec cette simple chemise blanche trempée. Décontenancée par ses propres réflexions, la jeune fille se giffla mentalement.

** Ce n'est pas le temps pour ce genre de choses! **

Heureuse d'avoir franchie les limites de Forks, Cassandra regarda autour d'elle avec excitation. Elle fût un peu gênée en voyant que quelques personnes fixaient bizarrement leur table. L'indienne rigola joyeusement; quel beau tableau elle et Jacob devait offrir! Mouillés comme ils étaient, c'était plutôt comique, poussant même jusqu'à l'absurde.

-Je peux prendre votre commande?

Cassy souria à cette question toute simple; rien de compliqué, pas de choix déchirant, qu'une question banale. Pourtant, le regard un grain insistant que levait Jacob sur elle lui démontra que la parole lui revenait. Prise au dépourvue, l'orpheline jeta un bref coup d'oeil autour d'elle. Les gens avaient, pour la plupart, un café devant eux et une grignottine. Enjouée, elle reporta son attention sur la grande blonde qui attendait sa commande.

-Je vais prendre un café brésilien et hum... une croustade aux framboises, s'il vous plaît.

La femme nota distraitement la commande avant de se retourner mielleusement vers Jacob. Cassy dévisagea la serveuse; son regard était enjôleur et son déhanchement en disait long. Elle poussa même la note jusqu'à glisser fièrement ses longs cheveux blonds derrière son dos. Cassandra fronça les sourcils et pinça les lèvres lorsque la voix sensuelle de la serveuse s'éleva à l'intention de son ami. Se trouvant stupide de réagir ainsi, l'indienne torda distraitement ses longs cheveux mouillés et secoua son gilet jaune pour le décoller de sa peau. Même sa jupe en jean blanc s'entêtait à mouler ses jambes. Mieux vallait s'acharner sur ses vêtements plutôt que de relever le regard sur un moment de flirt entre la serveuse et Jacob. Ce n'est qu'au moment ou une petite fille fit un coeur dans la buée de la vitrine que Cassy délaissa sa tenue trempée. Sous son paraplui, la mère de la fillette était déjà en train de la gronder.

** Hum... Port Angeles n'est pas une ville ennuyeuse. **

-Je peux prendre votre commande?

Cinq mots. Un verbe. Une question. Jake grimaça, comme s'il s'était retrouvé devant un immense tableau noir rempli d'équations sans queues ni tête. Cette simple phrase lui fit réaliser combien il n'était qu'un indien Quileute issu d'une petite reserve. Dans une grande ville comme Port Angeles, le fait qu'il était un loup garou n'entrait pas en ligne de compte. Il tourna vers Cassandra de grands yeux suppliant, et celle-ci sourit en s'amusant de sa réaction. Elle se tourna vers la serveuse qui patientait distraitement, et commanda un café brésilien. Elle semblait bien plus à l'aise que lui en ces lieux, et Jacob senti un élan de gêne l'envahir. Il était complètement idiot de se sentir dépassé. Après tout, lorsque Billy lui demandait ce qu'il voulait manger, il débordait toujours d'imagination et demandait toujours des trucs invraisemblables. Il sentit le rouge lui monter aux joues, et fut reconnaissant d'avoir le teint si bronzé. Ainsi, on ne remarquait presque pas sa gêne.

La serveuse patientait maintenant en le regardant avec grand intérêt. Elle venait de commencer ce que Jake savait être, une danse hyptnotique de femme en chaleur. Tantôt elle balançait ses cheveux en arrière, tantôt elle s'arrangeait pour se déhancher avec grâce. Jacob ne put s'empêcher de la regarder un instant. Il était fasciné par le mécanisme féminin, plus que la beauté de la femme. D'après lui, elle ne ressemblait à rien. Sans que Cassandra le remarque, Jacob tourna les yeux vers elle. La jeune indienne s'était mise à se dandiner sur sa chaise pour décoller ses vêtements de sa peau humide. Dehors, le temps s'aggravait, mais tous les gens qui rentraient dans le café semblaient secs et élégants. Or Cassie et lui étaient trempés. Peut être était-ce parce qu'ils avaient tout les deux l'habitude de trainer dehors, qu'il vente ou qu'il neige. Malgré tout, Jacob ne comprenait pas pourquoi son amie se sentait soudain prise d'une folle envie de se remettre en état. Il ne la trouvait pas si mal, ainsi mouillée. Son regard vira l'espace d'une fraction de seconde vers son gilet jaune qui collait sa peau. Il se ressaisit presque automatiquement, bien qu'il eut apprécié ce qu'il voyait. Il se tourna à nouveau vers la serveuse.

-Hum... La même chose pour moi!

Après un autre sourire vulgaire, la serveuse éxécuta un tour sur elle même et s'en alla déposer leur commande dans les cuisines. Cassandra regardait maintenant par la vitre. Elle semblait absorbée dans la contemplation d'une mère et de sa fille. Sentant que leur rendez vous « changement d'air » était en train de vriller dans sa tête, vers de sombres pensées, il s'éclaircit la gorge et dit d'un ton léger:

- Je sais même pas ce que c'est, un café brésilien...

Il esquissa un sourire amusé, et ajouta:

-Il a intérêt à être bon, parce que j'ai pas envi de devoir recommander quelque chose, si c'est cette blonde qui doit revenir!

Après ces mots, il se mit à rire, s'attirant le regard outré d'une femme et de son mari.

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Déroutée par le petit spectacle qui venait de se dérouler sous la pluie, Cassandra ne pouvait s'empêcher d'afficher une mine déconfite. Disait-on que le hasard faisait bien ou mal les choses? Ne trouvant guère une réponse mieux que l'autre, la jeune fille esquissa un triste sourire et enfouie sa joue dans sa main. Accoudée à la table, voilée de ses pensées, la voix de Jacob fue pour Cassy la raisonnance d'une goutte qui tombe dans une marre. Caressée par ce doux ton de voix qu'elle aimait tant, elle tourna le visage vers son ami.

-Je ne sais même pas ce que c'est, un café brésilien...

La mine perplexe qui se dessina sur le visage de l'indienne arracha un sourire amusé à Jake. Un peu perdue par cette révélation comique, Cassandra laissa retomber lentement sa main sur son autre bras. Le visage découvert, elle attendit la suite de l'intervention rigolotte.

-Il a intérêt à être bon, parce que j'ai pas envi de devoir recommander quelque chose, si c'est cette blonde qui doit revenir!

Les mots morts sur ses lèvres, il éclata d'un grand rire chaleureux. Aussitôt réconfortée, Cassy l'imita et son rire enchanteur parcourut la pièce. Tout en se moquant de la situation, la jeune fille capta les regards réprobateurs d'un couple à sa gauche. Ils n'approuvaient pas du tout ce genre de réaction extravertie et souhaitait bien qu'une serveuse vienne leur dire de cesser ses rires déplacés. Les voix des deux adolescents moururent peu à peu, mais le large sourire sur les douces lèvres beiges de Cassandra persista.

** Comme ça, il n'a pas aimé cette... pimbêche de blondasse! Ça me rassure un peu. **

Pourtant, l'indienne savait qu'elle n'avait aucune raison de réagir de cette manière. Aussi prit-elle l'initiative de démontrer de l'indifférence lorsque la serveuse viendrait leur porter la commande.

-Je ne sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là.

Les mots avaient surgis d'eux-mêmes. Pourtant, ils sonnaient vrais. Toute la gratitude que ressentait Cassandra pour Jacob était tout simplement inimaginabe. Voyant qu'elle avait destabilisé son loup préféré, elle trouva vite autre chose à dire.

-Au fait, s'amusa-t-elle, le café que tu as commandé sera sûrement un peu corsé avec un arôme sucré et, ce que je préfère le plus, avec une montagne de crème fouettée saupoudrée de grains de chocolat.

Souriante, elle dévisagea Jacob pour savoir l'effet escompté de ses paroles dites sur un ton professionnel. Mais, son sourire s'évanouit un peu lorsqu'elle perçue le bruit des talons hauts de la serveuse blondasse. Cassandra tourna légèrement la tête à sa gauche et vit la jeune femme qui se fraignait un chemin avec leur commande. D'ici, Cassy sentait le parfum de la croustade aux framboises et la crème fouettée sur le café.

Jacob déguisa son ignorance concernant les cafés qu'ils venaient de commander, en riant aux éclats. Son rire cependant, lui vint de bon coeur, car il se trouvait étrangement décalé dans cet univers qu'il ne cotoyait généralement pas. Les regards offusqués des clients environnent n'empêchèrent pas Cassandra de le rejoindre dans sa bonne humeur, qui persista pendant quelques secondes. Puis, après un instant songeur, l'atmosphère changea du tout au tout lorsque Cassie déclara:

-Je ne sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là...

Elle l'avait dit avec beaucoup de sérieux, et une telle spontanéité, que Jacob se sentit au dépourvu. Avec autant de solemnité, sa phrase ressemblait à une déclaration. Le loup garou savait qu'il était responsable de ces rires que la jeune fille ne pensait jusqu'alors plus pensables, mais il ne s'était pas rendu compte de l'incidence exacte qu'ils avaient eu l'un sur l'autre. Jake aidait Cassandra à se remettre de ce qui resterait à jamais, les évènements les plus traumatisants de sa vie. Et Cassie quant à elle, l'aidait à estomper sa peine et à ne lus soufrir en pensant à Bella. Cette instant de lucidité le fouetta de plein fouet, et il réalisa pour la première fois depuis qu'il connaissait la jeune indienne, combien elle s'était montrée bénéfique dans sa vie. Il tenta de dissimuler cette révélation qui naissait dans sa tête, mais il ne sut si sa tentative avait fonctionnait. Cassandra s'était reconcentrée sur leur café, et répondait à sa question.

Avant qu'il ait pu réagir sur sa déclération précédente, la serveuse revenait. Elle s'appliqua à s'approcher de leur table en dandinant des fesses, et tandis qu'elle posait leurs café, offrit un sourire éclatant à Jake. Il la remarqua à peine, ses yeux perçants fixés sur Cassie. Ce ne fut que lorsqu'elle se fut éloignée, que ses narines furent prises en otage par une odeur qui mêlait café et framboise. Il but une gorgée, formant une belle moustache de crème fouettée sur sa lèvre supérieure. Puis avec un petit rire, il déclara insoucieux:

-Oui moi aussi! Que ferais-je sans toi? (Il fit une légère pause) Je n'étais pas sortie en ville depuis des lustres!

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Bien que la séduisante serveuse faisait appel à tout son charme pour aveugler l'indien, Cassandra n'y prêta aucune attention. Pas un seul regard lourd, ni une pensée déplacée pour montrer son agacement. Au lieu de cela,, elle se perdait dans le tourbillon de couleurs envoutantes qui naissait des yeux de Jacob. Noyée dans ses iris fascinants, la jeune fille se laissa emporter par la cadance de son coeur affolé. Le loup-garou se rendait-il compte de l'emprise totale qu'il exerçait sur Cassy? Sûrement pas, car leur âme à eux deux souffrait tout autrement, préoccupée par des événements qui les avaient blessés profondément. Néanmoins, l'orpheline délecta se moment de bonheur et de pur bien-être que lui offrait inconsciemment son ami. Son seul ami. Tant de messages étaient cachés sous clés dans son être que la belle n'osa même pas les libérer. Beaucoup trop de choses avaient été partagées avec Jake; ses peurs, ses doutes et ses confusions. Il était comme un journal intime doté d'un esprit bienveillant, toujours présent pour la soutenir lors des moments difficiles de son deuil et sans cesse protecteur envers elle pour l'épargner de la malchance. C'était son ange gardien vivant près d'elle.

Dès que Jacob détacha son regard ensorcelleur de ses yeux, Cassandra porta distraitement son attention sur le café brésilien et la croustade aux frambroises posés devant elle. Elle entendait les pas de la serveuse bien loin de leur table, mais les voix dans la place résonnaient encore autour d'eux. Excitée par l'odeur de la crème fouettée fondue par la chaleur dégagée par le café, l'indienne prit sa petite cueillère et trempa le bout dans la sucrerie. Elle s'en délecta avec enthousiasme et répéta le geste une deuxième fois, lorsque Jake lui adressa la parole.

-Oui moi aussi! Que ferais-je sans toi? (Il fit une légère pause) Je n'étais pas sortie en ville depuis des lustres!

Un peu déroutée par le ton insoucieux qu'avait prit son ami pour ses paroles, Cassy leva les yeux sur lui. Aussitôt, un rire moqueur menaça de s'échapper de sa gorge, mais elle se contenta avec peine de fendre son visage d'un immense sourire. La mine de Jacob lui fit oublier qu'elle était quelque peu outrée par le ton de voix qu'il avait acqui durant ses précédentes paroles. De la crème fouettée s'étendait au dessus de sa lèvre supérieure et quelques morceaux de chocolat y étaient collés! Amusée par le portrait plutôt comique que lui offrait inconsciemment le loup-garou, Cassandra déposa sa cuillère et s'accouda sur le rebord. Transferant un peu son poids sur la table, elle s'avança légèrement et tendit la main vers Jake.

-Tu me surprendras toujours, Jacob, avoua-t-elle en essuyant de son index la crème fouettée. Par contre, j'ai l'impression que je ne serai jamais capable de te percer à jour totalement. Mais je comprend ce que tu ressens, je ne t'en veux pas. Je n'attend rien de toi.

La sucrerie disparue de sur la lèvre du jeune homme, Cassandra reprit sa place initiale et essuya la crème sur son essuie-tout. Un doux sourire invitant décorait sa bouche, signe que ses paroles n'étaient pas des accusations, mais plutôt ce qu'elle ressentait. Une légère couleur rosée se serait emparrée de ses joues si peau n'avait pas été d'un bronze éclatant.

Visiblement, les réflexions que Jacob avait essayé de dissimuler à son amie, n’étaient pas rester inaperçues Pendant un instant qui sembla durer très longtemps, ses yeux et ceux de Cassandra restèrent connectés, et il cru déceler chez elle, un éclat bien trop important pour qu’elle ne soit en réalité, en train de songer à sa croustade aux framboises. Il savait que ses pensées lui étaient destinées, comme étrangement, les siennes l’étaient à son encontre. Le contact visuel ne dura qu’une fraction de seconde en réalité. Cassandra reporta son attention sur sa commande, tandis que lui-même saisissait sa tasse, la montait à sa bouche et buvait gouluement d’une longue gorgée. Lorsqu’il reposa la tasse, il médita sur le fait de revenir boire un coup ici, tant le café était délicieux. Billy avait toujours tendance à les faire trop fort.

Le jeune loup garou fronça les sourcils, lorsqu’il vit que Cassandra souriait, visiblement très amusé par son visage. Qu’y avait t’il de si comique ? Le reflet de sa tête dans la glace, répondit à sa question. Il avait conservé une longue monstache de lait, parsemée de pépites de chocolat, sur toute sa lèvre supérieure. Il sentit le rouge une nouvelle fois lui monter aux joues, mais avant qu’il ait eut le temps de s’en débarasser lui-même, Cassie s’était penchée sur lui, et le débarbouillait avec un doigt.

Le contact de sa peau froide, sur la sienne, brûlante, lui provoqua un frisson, et il essaya de ne pas bouger, lorsqu’elle lui parla de son don de la surprendre continuellement. Jacob baissa les yeux. Etrangement, l’entendre parler de ses propres sentiments, ne le dérangeait pas, comme cela pouvait être le cas, dès que l’un de ses amis de meute ou que son père abordait le sjuet. Il se contenta de baisser les yeux, lorsqu’elle lui dit qu’elle n’attendait rien de lui. Il senti une pointe de déception l’envahir, et fronça imperceptiblement les sourcils. Il se surprit à penser qu’il aurait souhaiter entendre l’inverse. Que quelque part, Cassy attendait beaucoup, beaucoup plus de lui. Il ignorait pourquoi cette pensée effleurait son esprit, mais le fait était qu’il aurait aimé qu’elle lui dise cela. Depuis qu’il l’avait rencontré, il s’était tellement appliqué à la rendre heureuse, à lui redonner le sourire, qu’il avait oublié sa propre peine. Et en cet instant, il réalisait qu’elle aussi, lui avait rendu cette joie perdue depuis si longtemps. Mais il ignorait ce que cela signifiait, et se sentait perdu.

Ne sâchant que répondre, il garda les yeux fixés sur la table et répondit :

-Il n’y a rien d’autre à percer, chez moi… Et tu as raisons : Il n’y a rien de plus à attendre de moi. Je ne suis pas quelqu’un d’intéressant, j’ai déjà eu l’occasion de m’en rendre compte dans le passé. Tu es une fille géniale à qui il est arrivé de mauvaises choses, et j’espère que tu rencontreras des amis et quelqu’un digne de ce nom…

Il détourna à son tour, les yeux par a fenêtre, afin de fuir son regard..

[i]

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Cassandra se sentait un peu mal d'avoir mentie légèrement à son ami. Il était vrai qu'il se comportait de façon mystérieuse et qu'elle avait la sensation de ne pas vraiment le connaître. La moitié de sa personnalité était caché profondément en lui et la jeune fille devinait que pour le percer à jour, on devait être très proche de lui. Sachant très bien que avouer ses vraies sentiments envers lui provoqueraient davantage de remous que de belles illusions, Cassy préférait faire croire le contraire à Jake pour faciliter les moments d'amitié.

Lorsque le loup-garou baissa les yeux, l'indienne se sentit un peu coupable; elle avait sûrement dit quelque chose de désagréable qui l'avait ébranlé. Blesser son meilleur ami n'était pas ce qu'elle voulait, loin de ça. Par contre, les mots qui l'avaient touchés lui échappaient et elle ne pouvait donc pas approfondir ses excuses et ses explications. Maintenant qu'elle l'avait déçu, Cassy avait l'impression de marcher sur des morceaux de verres qui menaçaient de lui trancher la peau.

-Il n’y a rien d’autre à percer, chez moi… Et tu as raisons : Il n’y a rien de plus à attendre de moi. Je ne suis pas quelqu’un d’intéressant, j’ai déjà eu l’occasion de m’en rendre compte dans le passé. Tu es une fille géniale à qui il est arrivé de mauvaises choses, et j’espère que tu rencontreras des amis et quelqu’un digne de ce nom…

Aussitôt que la voix de Jacob s'envola loin dans l'esprit de Cassandra, des mots vinrent lui griffer le coeur et une douleur lancinante vint lui frapper l'estomac. Un vrai combat contre sa tête et son amour qui hurlaient leur souffrance. Comment Jake pouvait-il se dénigrer de la sorte? Comment pouvait-il se rabaisser à ne pas la mériter? Les pas délicats sur le verre fracassé se transformaient plutôt en marche rapide qui lui lacéraient la peau. Essayant tant bien que mal de rappeler sa voix à l'ordre, l'orpheline racla sa gorge dans un murmure.

-Comment peux-tu dire une chose pareil, Jake? souffla-t-elle douloureusement. Tu es bien plus qu'un ami pour moi. Tu es un vrai mystère que je m'efforce de résoudre, mais tu prétend le contraire de toi. Tu es bien plus qu'intéressant, tu es fascinant. Et je ne fais pas allusion à... enfin, ta nature animal.

Cassandra serra les dents, énervée que Jacob se sente si misérabe. Elle ne pouvait certainement pas laisser passer l'occasion de lui faire ouvrir les yeux; il était bien plus qu'un homme ordinaire. Elle posa distraitement les yeux sur sa croustade aux framboises encore entière et pensa à en prend un bouchée, mais se résolue. Glissant de nouveaux ses yeux d'or sur le visage de Jacob, elle essaya de maîtriser toutes les émotions qui se bousculaient violement en elle.

-J'accepte le fait que tu n'as rien de plus à me donner, mentit-elle, mais je ne peux pas croire que tu me souhaite de rencontrer quelqu'un digne de moi. J'espère que tu ne t'imagine pas que je me laisserai emporter par le prince charmant au sourire d'une pub colgate sans dire un mot. Si je suis bien avec un paysan, le prince charmant va détaller en rampant.

Sur ce, Cassandra prit une bouchée de sa croustade au framboise, mais ne s'attarda même pas à son goût délicieux.

La dernière fois que Jacob avait eut l'impression d'être un adolescent sans soucis remontait à il y a des siècles. L'insouscience lui semblait trop lointaine à présent, pour qu'il s'en souvienne complètement. Il avait pourtant bel et bien était ce jeune indien Quileute, passant ses journées à se prélasser sur l'herbe ou à traficoter le moteur de voitures délabrées. Puis un jour, il avait croisé les yeux de Bella Swan et s'était épris d'elle. Ensembles, ils avaient passés des moments si magiques et heureux, que Jacob avait eu l'impression de toucher des doigts ce sentiment pour la première fois. Mais elle l'avait délaissé, car tout l'amour qu'elle pouvait ressentir pour lui, n'était rien en comparaison de celui qu'elle éprouvait pour Edward Cullen. C'était cette histoire, ce pan de son existance si heureux puis si sombre, qui avait créé un tel doute dans les pensées de Jacob. Aujourd'hui, assis en fasse de celle qu'il aimait protéger, et avec qui il se sentait bien, ce sentiment d'hésitation se faisait plus présent que jamais. Il ne pouvait laisser son esprit vagabonder au delà de leur simple amitié, car la dernière fois qu'il se l'était permis, il avait trop souffert.

Pourtant, à voir ce visage mélancolique et magnifique en face de lui, ces yeux dorés tournés vers la fenêtre et ces joues rougies, Jacob avait envi de prendre le risque. Il avait envi de s'autoriser à penser librement, sans avoir peur de souffrir. Perdus dans ses pensées, il sursauta légèrement lorsque Cassandra lui parla.

-... tu es fascinant. Et je ne fais pas allusion à... enfin, ta nature animal.

Il senti son coeur se serrer dans sa poitrine en entendant ces mots. Il n'avait pas eut l'impression d'être quelqu'un de « fascinant » avec Cassie. Il avait juste été lui même: Protecteur et chiant. Et pourtant, encore une fois elle savait trouver des mots suffisamment forts pour le réconforter, et lui faire savoir ce qu'elle pensait.

Il ne put empêcher un sourire amusé de naître sur son visage jusqu'alors triste, lorsqu'elle lui sorti l'argument du chevalier servant. Non... Lui aussi avait du mal à l'imaginer en train de s'enfuir avec un homme écervelé. A moins qu'il ne s'agisse d'un Cullen. Ils avaient le don de lui voler ce qu'il y avait de plus cher dans sa vie. Cette perspective le fit blémir, au point qu'il prit un teint légèrement verdatre. Il ne pouvait pas laisser Cassandra la quitter. Pas encore. Pas elle...

-Non... Effectivement, tu n'es pas ce genre de personne... Essaya t'il de répondre d'une voix qu'il essaya de rendre claire et amusée. J'ose imaginer qu'il t'en faut plus: Quelqu'un d'intelligent, de gentil mais de marrant aussi. Une parfaite copie conforme de moi, pour résumé!

Sa blague gauche n'était pas des plus subtiles, pourtant, il ne put s'empêcher d'éclater de rire.

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Piochant dans son assiette de croustade aux framboises, Cassandra se trouvait minable. Parler de tout ça avec Jacob n'était sûrement pas la meilleure façon de lui changer les idées et de lui démontrer son amitié. C'était comme tourner le couteau dans la plaie de quelqu'un qu'on aime éperduemment. Avec sa comparaison du prince et du paysan, Cassy avait du faire allusion au triangle amoureux du loup-garou, du vampire et de l'humaine, sans le vouloir du tout. Le souvenir de Bella qui préférait Edward au lieu de lui avait sûrement resurgit dans sa tête. Comment cette fille pouvait aimer un être froid au lieu de quelqu'un chaleureux, courageux et protecteur comme Jacob? Mystère et boulle de gomme...

La couleur verdâtre qui s'emparrait peu à peu du visage de Jake confirma les déductions de l'indienne. De mauvais souvenirs refesaient surface en son meilleur ami. Ce devait être très dur de voir la personne que l'on aime aux bras d'un autre. Cassandra se l'imaginait très bien, car elle avait devant les yeux Jacob qui s'amourachait d'une autre fille. Cette sensation d'être séparée en deux lui tordait l'estomac et lui brouillait la vue. Elle se sentait perdue sans lui, sans son loup préféré à ses côtés. Lorsqu'elle entendit la voix de Jacob percer le silence, elle lui en fut reconnaissante, mais tendit l'oreille pour ne pas manquer une seule parole.

-Non... Effectivement, tu n'es pas ce genre de personne... J'ose imaginer qu'il t'en faut plus: Quelqu'un d'intelligent, de gentil mais de marrant aussi. Une parfaite copie conforme de moi, pour résumé!

Surprise de ses derniers mots, les yeux de Cassandra s'écarquillèrent vivement et sa bouche s'entrouvrit. Loin d'être maîtresse de son corps, elle entendit les bourdonnements de son coeur et le sang battre à ses tempes. Venait-elle de rêver ou l'élu de son coeur venait de s'idéaliser à elle? Pourtant, il éclatait maintenant d'un rire grave. Un rire qui sonnait totalement faux aux oreilles de l'orpheline. Soit c'était de la nervosité, soit c'était de l'incertitude. Jacob Black était-il une personne qui s'exprimait maladroitement, qui n'était pas à l'aise pour éloigner ou draguer une fille? C'est à ce moment que Cassy s'étonna de ne point connaître mieux son ami. Bien qu'elle le liait à un mystère indescriptible, elle aurait espéré le déchiffrer un peu plus.

Malheureusement, elle savait que si eux deux ignoraient se qu'ils voulaient, tout cela ne rimerait à rien. Ils auraient courus autour d'un poteau les yeux fermés pour ensuite trébucher pour de bon. Retouchant le sol douloureusement, Cassandra referma la bouche et lécha ses lèvres sèches. Elle détendit les traits de son visage et un doux sourire paisible s'empara de sa bouche. Si la sérénité pouvait se matérialiser, s'aurait été la jeune fille, en ce moment même de la journée. Une lueur de témérité brilla soudainement dans ses yeux dorés et une longues mèches de cheveux glissa lentement de son épaule.

-Et si...

-C'est à votre goût?

Je lançai un regard meurtrier à la serveuse qui venait d'interrompre un moment crucial. Sous la table, mes poings se serrèrent et je crispai douloureusement la mâchoire. La petite blondasse regardait Jacob comme si elle combattait une folle envie de lui déchirer la chemise. Si ce n'avait été que de moi, je l'aurais gifflée!

Jake n'avait jamais vraiment su comment s'y prendre pour admettre quelque chose de gênant, lorsqu'il ne voulait pas créer un silence lourd de sens. Or, s'il disait franco qu'il commençait à apprecier Cassandra pour avoir réilluminé sa vie malgré la douleur qu'il avait ressenti chaque jour, il savait que c'est ce qu'il se produirait. Ils resteraient là, à se regarder dans le blanc des yeux, et ne sauraient quoi se dire. Jake n'avait pas envi de gâcher une nouvelle amitié, uniquement en jouant carte sur table. Mieux vallait il sûrement se contenter de n'être que de bons amis. Il n'était pas convaincu des ses paroles, et son doute du se faire sentir dans son rire grave, car Cassandra l'observa, plissa des yeux et resta pensive un instant. C'était un trait de sa personnalité qu'il aimait beaucoup: Tout comme lui, elle ressentait le besoin de faire le point sur les paroles de ses interlocuteurs. Or sa blague dissimulatrice de vérité devait lui donner du fil à retordre, car de nombreuses émotions étaient visibles sur son fin visage au teint hâlé: La surprise, le doute, l'audoace...

Jacob retomba dans le silence si confortable, attendant qu'elle s'exprime, et englouti une immense part de sa croustade aux framboises. Il émit un grognement de plaisir tandit qu'il mâchait, fermant les yeux pour mieux apprécier la saveur de ce gâteau qu'il ne connaissait pas. Puis, lorsque son visage ne fut plus déformé par sa bouche pleine, il regarda à nouveau Cassandra. Celle ci s'était légèrement penchée en avant, et le dévisageait avec audace et témerité. La réflexion qu'il lui avait faite semblait lui avoir donné une idée, car après avoir retenu son souffle, elle se lança:

-Et si...

Jacob était tout ouie, légèrement penché en avant lui aussi, comme prêt à entendre une révélation, peut être une bombe. Mais rien d'autre ne vint à ses oreilles que la voix suave et étrangement excitée et charnelle de la serveuse qui s'était approchée. Jacob se redressa comme si on l'avait piqué d'une aiguille dans le dos, et fit un signe affirmatif de la tête lorsqu'elle leur demanda si tout se passait bien. Ses yeux quittèrent Cassie un instant pour monter jusqu'à la serveuse. Il lui sembla bien qu'un bouton de son chemisier avaient été défait depuis la dernière fois où elle s'était pointée. Elle jouait à présent avec une mèche de cheveux blonde et lui souriait en se mordant légèrement la langue.

Jake la dévisagea en silence alors qu'elle partait. Il ne la voyait pas, mais faisait mine de s'intéresser à elle pour avoir un moment de répis et pour réfflechir. Il se tourna ensuite vers Cassandra pour entendre sa proposition en entier, mais fut tellement surpris par le regard noir qu'elle jetait toujours à la serveuse, et par sa machoire contractée par la colère, qu'il sourit à nouveau. Son sourire exprimait cette fois une profonde gaieté, comme si sa mélancolie s'en était allée.

-Ehh! Serais-ce de la jalousie que je perce dans ton regard??! Demanda t'il avec humour. En tout cas, si toi tu n'attends pas de prince charmant, moi je n'attends pas de dévergondées dans son genre. Je préfère les femmes nature avec du caractère.

Son regard vrilla pendant une fraction de seconde sur les yeux dorés de son interlocutrice, puis il fit mine de retrouver son sérieux.

-Tu disais?

Invité

Toujours fixée sur la serveuse aussi peu nature qu'un mannequin, Cassandra essayait tant bien que mal d'oublier la jalousie qui l'envahissait en cet instant. Son ennemie jouait sensuellement avec une de ses mèches blondes alors que sa langue provoquante se coinçait entre ses dents parfaitement blanches. Cette aguicheuse avait même déboutonné sa chemise d'un cran!!! Diable que Cassy se retenait pour ne pas lui tomber dans la figure! Inspirant un bon coup, elle regarda la serveuse partir avec un déhanchement unique qui pour elle, était simplement écoeurant. Soulagée qu'elle ait enfin quitté son poste de charmeuse de loup-garou, l'indienne ramassa distraitement ses longs cheveux ondulés en couette et les attacha avec un élastique. Ce sentiment intense qui l'avait maîtrisé durant ce long instant lui donnait l'impression de baigner dans un jacuzzi brûlant. Libérer son cou délicat de ses épais cheveux lui enlevait un poids énorme sur les épaules.

Pendant qu'elle attachait sa chevelure, l'orpheline remarqua que Jake fixait docilement la serveuse qui se déhanchait encore et encore parmis les tables de café. L'intéressait-elle? Un pincement au coeur coupa le souffle à Cassandra et celle-ci fut obligée de se secouer un peu pour ne pas laisser l'énervement la gagner. Elle jeta un dernier coup d'oeil à la serveuse qui disparaissait plus loin, alors que la voix de Jacob vint tout de suite l'appaiser.

-Ehh! Serais-ce de la jalousie que je perce dans ton regard??! En tout cas, si toi tu n'attends pas de prince charmant, moi je n'attends pas de dévergondées dans son genre. Je préfère les femmes nature avec du caractère.

Surprise que son ami ait deviné sa jalousie envahissante, Cassy retint son souffle. Par contre, lorsqu'il traita la serveuse de dévergondée dans une blague et qu'il partagea sa préférence pour les femmes au naturel, la jeune fille ne pu s'empêcher de sourire bêtement, se trouvant plus que stupide. Depuis quand était-elle jalouse lorsqu'une autre fille posait les yeux sur Jake? Pas la peine de se poser la question, Cassandra savait très bien la réponse.

-Tu disais?

L'orpheline posa ses yeux bordés d'un liquide d'or sur son ami, se rappellant soudainement de ce qu'elle s'apprêtait à dire avant que la serveuse l'interrompe. Plus que gênée, l'humaine regarda la pluie tomber pendant une seconde. Avec ce qui venait d'arriver, un court moment soit-il, l'audace qui l'avait habitée au paravant s'était envolée. Plus de courage, plus de grande déclaration à faire. Se mordillant légèrement la lèvre inférieur, Cassandra trempa le bout de sa cueillère dans son café brésilien. La crème avait fondue, mais son breuvage était encore chaud. Se laissant emporter par une vague de curiosité, la jeune fille essaya de bifurquer le sujet. Plus la peine d'avouer ses sentiments, rien et personne ne lui en donnait la chance aujourd'hui.

-Et si tu me parlais de toi un peu? Je veux dire... Je ne sais même pas ce que tu planifis après ton lycée. Tu crois rester à La Push?

Contente d'avoir trouvé un nouveau sujet de conversation loin des sentiments, Cassandra bu une gorgé de son café.

Sa réflexion sur l'attitude de la serveuse semblait avoir quelque peu apaisé Cassandra, car celle ci attacha sa longue chevelure, d'un geste nonchalant. Jake mordit une nouvelle fois dans sa croustade, les yeux rivés sur la jeune fille, dont il attendait qu'elle reprenne la discussion, là où ils en étaient restés. Mais lorsqu'il l'encouragea à reprendre, elle sembla hésiter, fuir son regard, et s'accouda soudain à la table, une nouvelle sorte de malice dans les yeux.

-Et si tu me parlais de toi un peu? Je veux dire... Je ne sais même pas ce que tu planifis après ton lycée. Tu crois rester à La Push?

Mouais... Si détourner son attention de ses intentions initiales avaient été son but, Cassie avait encore des progrés à faire. Il n'était pas dupe au point de ne pas avoir remarqué le changement de ton et d'atmosphère. Cassandra avait de toute évidence, voulu lui dire quelque chose en particulier, mais elle avait sûrement préférer se raviser. A sa question, Jake ne répondit pas tout de suite. Il plissa les yeux, comme s'il se concentrait pour lire dans ses pensées (Après tout, pourquoi cette activité était elle réservée à son ennemi juré?!), mais rien ne lui vint. Un masque d'insoucience et de réel intérêt prenait maintenant place sur le visage de son amie. Après un instant, et tandis qu'il tournait distraitement sa cuillère dans le café, il répondit en haussant les épaules:

-Bahh... Je n'ai jamais projeté de faire des études très longues... Je ne suis pas du genre à tout planifier à l'avance. L'université me paraît plus être une prison qu'un moyen de parvenir à un métier stable. Or moi, je veux garder ma liberté...

Il accompagna sa dernière phrase d'un large sourire, révélant par la même une série de dents impécablement droites et blanches. En réalité, bien qu'il n'eusse rien contre les études supérieures, il n'avait jamais imaginé cela pour lui, comme si l'equation "Jacob + Université" n'était pas faite pour exister. Il n'avait jamais pris le temps de bien penser à ce qu'il allait faire de sa vie. Dans sa tête, tout se passait au moment présent, et il n'aimait pas parler de futur. Il essaya cependant de trouver quelque chose à ajouter.

-J'imagine que je vivrais à LaPush et que je transmettrais aux futures générations, le savoir de la tribue Quileutes. Je ne me vois pas vivre ailleurs. Mais il n'empêche que je voyagerais. Pour un loup garou, ce n'est pas bien difficile!

Il esquissa un nouveau sourire, engouffra le reste de sa patisserie dans sa bouche, et fronça les sourcils:

-Et'ff Toif''? Questuveuxfairefff? Demanda t'il la bouche pleine, sans savoir si elle avait compris.

Invité

Cassandra aurait juré que son ami avait vue clair dans son jeu, dans sa déviation du sujet à un autre. Quelle ne fue pas sa surprise quand il se ravisa de deviner ses pensées, les yeux déplissés et son visage détendu. L'indienne espérait vraiment que Jacob détecte son véritable intérêt pour ce qui était de lui-même; elle voulait le connaître,mais surtout pas apprivoiser la bête en lui. C'était tout ce qui fesait son charme, cette énergie bestiale qui se dégageait de lui.

Aussi, Cassy ne fue pas étonnée lorsque Jacob lui dit qu'il préférait vivre au présent et qu'il tenait réellement à sa liberté. Quoi attendre de plus d'un loup? La liberté, la sensation d'être son seul maître, était sûrement un état d'être formidable que seul un loup-garou pouvait ressentir en parcourant la forêt. Courrir sans limites, sans collier, sans règles; ce devait être si libérateur! La jeune fille comprennait donc les raisons qui poussaient Jake à ne pas voir plus loin que le lycé. Être un loup-garou impliquait de grands pouvoirs, mais aussi de grandes responsabilités. Cassandra le trouva donc très sage lorsqu'il partagea son désir de rester à La Push, sur la réserve. Elle acquiesçait à l'idée de transmettre le savoir de la tribu aux prochaines générations. L'orpheline voyait très bien son ami raconter de longues et fantastiques histoires qui hypnotiseraient de jeunes enfants autour d'un feu, la nuit. À cette pensée, elle sourit et prit le temps d'impregner cette image dans sa mémoire. En buvant chaque parole de Jake, Cassandra avait l'impression d'ouvrir un livre qui avait toujours été fermé à clés, sous ses yeux. Bien qu'en ayant le privilège de l'ouvrir, les écrits restaient cependant flous, mais tout de même appaisant pour sa curiosité.

-Et'ff Toif''? Questuveuxfairefff?

Cassy éclata de rire en voyant le loup-garou, la bouche pleine, qui essayait de formuler une phrase avec un sens. Bien qu'elle ai deviné ce que Jacob avait voulu dire, elle délecta ce moment comique en rigolant de bon coeur. Une fois sa bouchée avalée, même son compagnon ne put retenir un hoquet de rire avec son grand sourire éclatant.

-Je ne sais pas encore, Jake, souriais-je une fois le fou rire éteint. Je pense que... en fait, je n'en ai aucune idée!

Un silence lourd s'installa quelques secondes entre eux et Cassandra en profita pour terminer sa croustade aux framboises. Elle voulu prendre une bonne gorgée de son café, mais une bonne partie de sa chaleur s'était déjà envolée et elle grimaça légèrement. C'est en croisant les yeux chocolat de Jacob que son coeur manqua un battement important. Une forte nausée s'empara de son corps, mais elle la ravala sans ciller. Ce qu'elle crue du brouillard devant ses yeux était en fait des larmes qui menaçaient de se former. Sa gorge aussi serrée qu'un étaux lui donnait du fil à retordre pour respirer et son estomac contractée ne fesait qu'empirer les choses. En croisant ses iris foncés et pétillants qu'elle aimait tant, une douloureuse vérité venait de frapper sans retenue la pauvre indienne. Un jour, Jacob Black s'impregnera d'une fille. Tout simplement. Comme tous les loups-garous le vivaient. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt?! Pourquoi se faire mal autant alors qu'elle aurait put l'éviter? Secouée par cette nouvelle révélation, Cassy voulue passer une main dans ses cheveux, mais s'arrêta sur sa couette.

Elle avait cru, depuis son arrivée, que Jacob n'était pas comme les autres. Elle avait vu en lui un homme unique et formidable qui lui avait volé son coeur, sans vraiment le vouloir. Cassy l'avait toujours relié à une existence libre et envieuse, alors qu'en fait, Jake n'aurait aucun pouvoir sur son coeur. Il ne sera même pas capable de choisir entre un amour et une impregnation, sachant très bien que la dernière était une fatalité. Non, les loups-garous n'étaient pas libre. Du moins, pas plus que les humains.

-Je suis fatiguée, Jake... Le mal de coeur m'a frappé, je n'ai pas de chance, mentit-elle en feignant d'être véritablement malade. J'espère que la serveuse va bientôt revenir pour que je commande un verre d'eau froid...

Cassy espérait que la dernière phrase ajoutée allègerait l'atmosphère, même si elle aurait voulu prendre ses jambes à son coup.

Jake n'était pas sûr d'avoir répondu à Cassandra de manière à satisfaire sa question. Il l'a connaissait très curieuse, surtout lorsqu'il s'agissait de ses envies, ses points de vue. Or bien qu'il n'en fusse pas certain, il avait l'impression qu'elle ne s'interessait autant à lui, que pour le soulager de cette douleur lancinante qui vivait avec lui. Et il dut reconnaitre que sa tactique fonctionnait. Jacob avait tellement envi de répondre correctement à Cassie pour ne pas la décevoir, que ses lourdes pensées disparaissaient. C'est ainsi qu'il dévoila ses plans, bien que très flous encore. Lorsqu'il prit la parole, la bouche si pleine que sa question sembla indéchiffrable, Cassie répondit en éclatant de rire. Jake se força à avaler, et senti le morceau de gâteau descendre désagréablement le long de son oesoffage, le brûlant au passage. Mais son rire était contagieux, et Jacob ne pu s'empêcher de rire lui aussi.

Lorsqu'elle lui répondit vraiment, son sourire s'était envolé. Elle paraissait songeuse. Jacob avait du mal à comprendre comment une fille comme elle pouvait ne pas avoir d'idée sur son avenir. Que lui soit encore dans le flou se comprenait: Après tout il n'était rien d'autre qu'un loup garou condamné à contrôler ses humeurs pour ne pas exploser en public. Cassandra en revanche, était tellement intelligente et pleine de caractère, que son talent serait forcément utile à quelque chose. Jacob avait du mal à l'imaginer travailler. Il essaya un instant de l'imaginer prof, puis femme d'affaire, puis médecin. Il s'aperçu qu'il avait vraiment du mal à dicerner quelles étaient ses envies, ses désirs. Elle était tellement reservée, que creuser jusqu'à trouver des réponses était une tâche ardue.

Il était en train de réflechir à cela lorsqu'il vit quelque chose briller au coin de son oeil. Une larme coula le long de sa joue, tandis que d'autres menaçaient de tomber à leur tour. Jake cru qu'il allait recracher tout le café qu'il venait d'ingurgiter. Il se força à avaler et s'apprêtait à lui demander quel était le problème, mais elle l'interrompis avant qu'il n'ouvre la bouche.

-Je suis fatiguée, Jake... Le mal de coeur m'a frappé, je n'ai pas de chance. J'espère que la serveuse va bientôt revenir pour que je commande un verre d'eau froid...

Jacob observa son visage. En effet, elle n'avait vraiment pas l'air dans son assiette. Sa peau était très pâle, et ses yeux toujours humide. Mais ce qui lui attira vraiment l'attention fut l'expression qu'il pu lire sur son visage. Elle avait de la peine et souffrait. Le loup garou ne comprenait pas. Un instant, il l'avait écouté parler gaiemement de ses projets d'avenir, puis son visage s'était petit à petit décomposé. Qu'avait elle bien pu imaginser pour qu'elle se mette dans cet état?

Comme le grand maladroit qu'il était lorsque les choses devenaient un peu trop émotive, il ne sut comment réagir. Il attrapa maladroitement sa serviette en papier blanc qu'il n'avait pas utilisé et la lui tendis, puis leva le bras et attira l'attention de la serveuse en une fraction de seconde. Celle ci, accoudée au comptoire, les observait depuis tout ce temps. Ravie qu'il l'a convoque, elle s'approcha en se dandinnant, et Jake lui demanda d'apporter de l'eau, sans être plus aimable que ça.

Puis, voyant qu'elle essayait tant bien que mal de dissimuler ses émotions, il se pencha et murmura:

-Qu'est-ce qui t'arrive? T'es sûre que tu es malade? Vaudrait mieux qu'on parte maintenant. Rentrons à la réserve.

Il attendit un assentissement de sa part, par peur de trop la brusquer.

Invité

Cassandra était une de ses filles qui se faisaient des films. Sans pouvoir s'en empêcher, elle imaginait des moments heureux ou tristes à tout instant avec ceux qu'elle aimait. Souvent, son imagination la poussait à construire des événements avec son frère décédé ou Jacob. Que ce soit un instant de pur bonheur ou d'infinie douleur, l'indienne était incapable de repousser ses images. Une fois, alors qu'elle était en compagnie du loup sur first beach, elle avait vue ce dernier à sa forme animale l'inciter à monter sur son dos. Elle avait presque sentie le vent de la liberté sur son visage, mais s'était vite réveillée de ce beau mirage.

Cette fois, son imagination l'avait poussé dans un gouffre acérée qui lui avait arraché le coeur sans pitié. Elle s'était vue, elle, toute pétillante d'amour, au bras de Jake sur la rue de Port Angeles. Et puis, sans crier garre, une jolie châtaine passait près de son loup préféré et ce dernier s'arrêtait net en posant sur l'inconnue un regard foudroyé, des yeux impuissants. Cette seule pensée avait suffie à Cassy pour comprendre que tout amour avec le loup-garou mènerait à un mur qui dégringolerait sur elle, laissant Jacob intact. Si éviter tout ça pouvait la sauver d'un chagrin inconsolable, la jeune fille feindrait n'importe quoi. Elle ferait tout ce qu'il faut pour ne pas mourrir à petit feu, ni même blesser Jake.

Attrapant maladroitement le mouchoir en papier que lui tendait son ami, Cassandra essuya ses larmes qui avaient coulés bien malgré elle. Fichue douleur!!! Pourquoi pleurer de désespoir alors que l'on pouvait pleurer de bonheur?! Belle ironie, tout ça. Émue, elle fixa Jake qui commandait un verre d'eau. L'indienne fabriqua un sourire exprès pour ce genre de situation et le peignit sur ses lèvres beige. Pour ne pas inquieter d'avantage le loup, elle noya ses sentiments et se concentra sur ce qu'elle devait désormais faire. Ce que c'était embarassant!

-Qu'est-ce qui t'arrive? T'es sûre que tu es malade? Vaudrait mieux qu'on parte maintenant. Rentrons à la réserve.

La surprise s'empara du visage de Cassy; une réaction typiquement masculine, ça! Dès que la situation devenait trop émotive et délicate, fuire était souvent de mise et Jacob n'y fesait pas exception. Par contre, cette attitude arrangeait bien l'orpheline. Sans hésitation, elle détacha nerveusement ses longs cheveux ondulés et se leva de sa chaise.

-Je veux rentrer à la maison.

Ce n'était pas une proposition, mais plutôt un ordre. Pas un choix, une fatalité. La seule façon d'échapper à un lien qui la détruirait.

Comment les choses avaient elles pu évolué pour en arriver là? Jacob avait invité Cassandra à venir boire un café, car il pensait lui faire plaisir en sortant de la réserve, son "habitat naturel". Et voila qu'elle semblait sur le point de tomber en syncope. Qu'avait-il dit? Que n'avait-il pas dit? Qu'avait-il fait? Que n'avait-il pas fait?

Toutes les questions qu'entrainait le sentiment destructeur de la culpabilité envahirent le loup garou en même temps, et il eut l'impression d'être englouti dans un tourbillon de flou et d'inconnu. Il n'avait guère d'expérience avec les filles et il le savait. Que ce soit en amitié ou en amour, il n'était pas quelqu'un de diplomate et adroit, mais il n'avait pas eu l'impression de faire quelque chose de travers. Quoiqu'il en soit, il savait aussi que si cela avait été le cas, il ne s'en serait pas aperçu. Alors qu'en savait-il? Lorsqu'il lui proposa de rentrer, Jake savait que ce n'était pas la réponse la plus appropriée. Il aurait du lui dire de se confier, de lui parler et de lui faire part de ce qui la tracassait vraiment. Il aurait du se montrer plus compréhensif et lui dire qu'il était son ami et qu'il était là pour l'épauler.

Or pour une raison obscure, il ne parvint pas à trouver une formulation correcte. Il était trop troublé par la réaction de Cassie pour penser correctement et alignées ces trois satanées phrases. Au lieu de ça, il préféra la solution de facilité et lui proposa de rentrer à la réserve. Peut être qu'une fois là bas si elle reprenait ses esprits, elle lui dirait ce qu'il avait fait de mal.

Jacob resta silencieux lorsqu'elle se leva en le priant de partir. Elle voulait rentrer à la maison. "Leur maison". Celle qu'ils allaient devoir partager alors même qu'il venait de la blesser inconsciemment. Jake se doutait qu'elle n'avait aucune envie de rester avec lui plus longtemps. Il s'arrangerait pour s'éclipser aussitôt qu'ils auraient franchi le seuil de la maison. Tandis qu'elle remettait sa veste, Jacob sorti précipitamment quelques billets froissés de la poche arrière de son jean, et les jeta sur la table. Il essaya de conserver une mine qui ne se voulait qu'inquiète. Il ne voulait pas que Cassandra se rende compte que la culpabilité et le doute le brûlaient.

Il fit un signe de tête en direction de l'accueil où la serveuse le fixait du regard, puis sorti derrière elle. Sa moto était garée juste devant, près du trottoire en goudron où les flaques d'eau s'accumulaient. Cassie mit sa capuche et monta derrière lui, mais il senti que son étreinte n'était pas rassurée. Jake en eut un pincement au coeur lorsqu'il mit le contact. Bien qu'il ne fut pas prêt à le reconnaître, sa réaction le blessait également. Après un vrombissement sonore, la moto parti à vive allure, en direction de la réserve...

[HS: Je pense que le sujet est clos. Je pensais que tu pourrais peut être un commencer un autre à la réserve. Il suivrait celui ci après y être rentré, et Jacob proposerait à Cassie d'aller au bal...^^]